Prélude à l'aventure. Récit inédit (1941)

Vincenot Henri - Vincenot Claudine

LGF

Extrait de l'avant-propos

«La folie de ma vie jusqu'à la mort.»
Henri Vincenot, L'Équipe, pages inédites

À dix-sept ans, Henri part à la chasse avec son grand-père Joseph, l'aïeul initiateur et inoubliable de La Billebaude. Distrait et musardant, le jeune garçon se perd bientôt dans bois et friches. Cherchant son chemin à l'aventure, il tombe en arrêt, ébloui, sur un hameau en ruine, au creux d'une petite combe bourguignonne. Se déclarant alors le prince charmant d'une Belle au bois dormant, il se prend de passion pour l'endroit et déclare au chien fidèle qui l'accompagne: «Tu vois, c'est ici que je passerai mes jours!»
Qui n'a pas rêvé d'être Robinson Crusoé?
Alors, fantasme d'un adolescent original et rêveur?
Pas tant que cela.
À partir du jour décisif de la «découverte», Henri ne cesse de rêver à la belle endormie, qu'il décide de sortir de sa léthargie à tout prix. Pendant les cours à Dijon, puis à HEC à Paris, il griffonne, au fond de l'amphithéâtre, des projets de campement, des calendriers de défrichage, des plans de reconstruction... mais aucune terre ne lui appartient encore. Pendant ses vacances, il part à bicyclette de village en village et enquête, de mairie en mairie, pour retrouver les propriétaires de minuscules parcelles abandonnées, enfants de paysans partis à la ville dénicher la poule aux oeufs d'or.
Après le service militaire au Maroc, puis le mariage en 1936 avec Andrée, qui comme lui est tombée «en amour» pour ce hameau cistercien ruiné, le jeune couple décide d'acquérir, peau de chagrin après peau de chagrin, une surface suffisante pour installer le campement des défricheurs. À l'abri du vent du nord et à deux pas d'une source bien captée, fraîche et abondante.
À la suite de quelques expériences professionnelles qui le «dégoûtent du monde», et invinciblement attiré par sa «princesse», Henri projette de tout abandonner du siècle et de ses leurres: Andrée, qui le suit toujours dans ses rêves fous, l'approuve avec enthousiasme et décide, elle aussi, de préparer l'équipée.
Mais, en 1939, la guerre est déclarée. Les temps s'annoncent difficiles, la vie dangereuse. Henri et Andrée ont trois très jeunes enfants - Jean-Pierre, Marie-Claudine et François, qui naît en 1940. La famille s'installe dans une maison de location avec un grand jardin-verger, sur le rebord calcaire du plateau de Langres, dominant Dijon et la plaine de la Saône à l'est, avec une vue dégagée sur les monts de Bourgogne, où la Belle dort sous un édredon de ronces, à l'ouest. Au creux de la vallée, l'Ouche bouillonne entre les saules étêtés et les chignons de plantes aquatiques pour rejoindre la Saône. Cette maison porte le nom coquet de «Buissonnets», ce qui plaît aux jeunes parents... mais les fait sourire: ce qui les attend là-haut, à «la Peurrie», comme prononcent les vieux paysans du coin parlant encore patois, ce ne sont pas de charmants «buissonnets» mais la jungle, ses plaisirs et ses tourments!

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EAN
9782253174745
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