L'enfant connecté

Texier Dominique

ERES







Extrait

Extrait de l'introduction Le propre d'une institution est d'accorder sa dynamique interne avec les mouvements sociétaux qui la fondent : elle ne demeure structurante qu'à la condition d'évoluer en rapport avec les mutations culturelles contemporaines tout en maintenant vivant ce qui garantit ses principes fondateurs. C'est ce à quoi sont confrontées nos institutions en charge d'enfants et d'adolescents aujourd'hui, qu'elles soient du côté du pédagogique ou du côté du soin, dont les CMPP, mais aussi la famille, maillon primordial et institution fondamentale : faire avec les transformations qui leur sont imposées sans renoncer à leurs fondements et à leur éthique. Une de ces mutations touche directement les modalités du lien social, affectant autant les relations à l'intérieur des familles que celles entre les différentes communautés sociales. Ces changements se répercutent directement sur la façon dont l'enfant, petit ou grand, va construire sa subjectivité en relation avec son environnement discursif. Il nous appartient autant en tant qu'adultes responsables, parents, éducateurs, enseignants qu'en tant que cliniciens, de repérer les lignes de force de ces mutations qui travaillent en profondeur notre façon «contemporaine» de vivre ensemble, pour y mener l'enfant et lui dessiner quelques contours. L'enfant est un sujet parlant, c'est le présupposé de nos institutions, et comme être parlant, il dépend des discours qui le nomment et le désignent mais aussi qui l'orientent et lui dressent des points de repères stables. Accompagner un enfant ou un adolescent, l'éduquer ou le soigner, nécessite de tenir compte de son environnement imaginaire et symbolique, et de sa façon de s'inscrire dans la culture dans laquelle il est immergé. De génération en génération, le cadre symbolique évolue, confrontant l'adulte à faire avec l'inédit de sa culture pour y intégrer son enfant ou celui qu'il a en charge. Cela nécessite à chaque fois une part d'invention, les schémas antérieurs ne pouvant se répéter à l'identique au fil des générations. Accueillir le nouveau et l'inattendu de notre culture contemporaine nous incombe si nous voulons guider les enfants dans le mouvement engagé, sans les abandonner aux risques d'assumer seuls cet inédit non expérimenté, ni travaillé par le temps. Chaque génération, depuis que l'histoire existe, témoigne de sa difficulté à intégrer les transformations culturelles liées entre autres au développement des sciences et des techniques, et résiste à compter avec ces changements, notamment en négligeant les nouvelles références de la jeunesse. Or, ces mutations peuvent parfois s'accélérer, obligeant les nouvelles générations à intégrer très, voire trop rapidement leurs effets. Ces évolutions sociétales procèdent du travail de transformation opéré par les techniques, et qui constitue le propre de l'homme depuis le début de son humanité. Chaque génération, souvent à son insu, transmet et impose ces mutations à la génération montante sans forcément en mesurer l'impact réel et anthropologique. Chaque sujet social est engagé dans le devenir de la culture dans lequel il s'inscrit, même si cette responsabilité est collective. Une forme de déni de cette responsabilité apparaît, depuis que les technosciences dominent et prescrivent leurs schémas sociétaux, qui consiste à renverser les savoirs et donc les pouvoirs, idéalisant la génération montante comme modèle de maîtrise de l'instrument technique.



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EAN
9782749240343
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