Student affair

"J'ai pris goût à rentrer le soir en sachant que quelqu'un m'attend à la maison... Et comme ça tu n'as plus de raison d'être triste."Après Pure Love, on retrouve Row Takakura dans un même format, mais une narration totalement différente. Si le premier titre de l?auteur comportait de grosses longueurs dans le scénario, ainsi qu?un côté fantastique assez déstabilisant, Student affair est tout ce qu?il y a de plus classique. On y retrouve sept histoires, certaines s?étalant sur deux ou trois chapitres. Les protagonistes changent d?une nouvelle à l?autre, mais les sentiments et le déroulement de leur relation sont globalement identiques. Ce n?est en effet pas l?originalité qui ressort de ce titre ? Les deux premiers chapitres se servent du fantasme élève / professeur tout en n?exploitant pas assez les doutes sur le statut de chacun vis-à-vis de l?autre. Le tout est alors rapidement oublié, puisque le prof « uke » et totalement soumis, rougissant pour un rien, n?a pas grand-chose d?exceptionnel. Le thème de la fratrie, donc de l?amour dangereux (bon, ils ne sont que demi-frères ou frères d?adoption, mais quand même!) est utilisé à deux reprises, dans « Un épanouissement total » et dans les trois dernières parties du manga, « Best place ». Que ce soit en un chapitre ou en trois, les deux frères sont toujours caricaturés. L?admirateur et le beau gosse ou le sensible et mauvais en amour face au sauveur qui joue les durs ? Déjà vu.« Voice box » a le mérite d?étaler des sentiments qui naissent en deux minutes à partir d?une voix ? Peu crédible, et décevant lorsque l?on rajoute le concept du prostitué qui tombe amoureux d?un client et fera tout pour le retrouver, surtout quand le client en question a une bonne raison d?être venu chercher un adolescent qui vend son corps ? « Honey happy baby », « baiser scandaleux » et « A travers l?objectif » sont sans aucun doute les trois chapitres les plus intéressants du recueil. Le premier soulève le problème de l?enfant dans un couple, qu?il soit homosexuel ou non. Même si les personnages n?ont rien de transcendant, la petite Ayumi est attendrissante, bien que son rôle reste succinct. L?amour entre Hideto et Katsuya est quant à lui assez simple, mais la narration est plus originale, le ton employé plus agréable et les caractères moins antipodiques. Enfin, la dernière nouvelle est un peu plus sombre, moins légère bien que l?auteur n?ait pas su retranscrire toute la violente psychologie d?un violeur, qui passe ici pour un enfant de c?ur.Au final, rien de bien marquant ne ressort de ce titre. Il est moins ennuyant que Pure Love, c?est un fait. Mais le lecteur qui cherche un peu de nouveauté et de crédibilité passera son chemin, tout comme le curieux qui espérerait une distraction réellement sympathique. Student affair est un recueil d?histoires gentillettes, qui n?arrive pas à susciter une réelle passion. Par contre, là où d?autres yaois se cassent la figure en ne satisfaisant même pas les besoins des lecteurs et lectrices, Student affair répond présent. En effet, les scènes érotiques sont légion, une dans chaque nouvelle, et ce quelque soit sa longueur. On ne peut alors pas s?étonner du manque de développement de l?auteur, ainsi que du contexte plus que vide entourant les personnages. Un titre comme il en existe tant d?autres: là où Pure Love sortait de l?ordinaire (sans plus de réussite, néanmoins), Student affair se fond dans la masse sans problème. Le graphisme est pourtant assez satisfaisant, puisque de plus en plus de figurants se distinguent du physique classique (coupes de cheveux et morphologies variées dans certaines histoires), bien que le tout soit un peu brouillon et chaotique, sans compter l?aspect parfois anguleux et disproportionné des corps. Ici les yeux sont agréables, les visages un peu fins ne le sont pas exagérément par rapport aux autres personnages ? Bref, un chara-design satisfaisant dans l?ensemble, si l?on ne prête pas attention au vide qui, une fois de plus, entoure les protagonistes. Le travail d?Asuka est plutôt correct: à part le prix, les quelques fautes d?orthographe et la disparition d?une partie seulement des onomatopées originale, la lecture reste assez fluide (pas de transparence, assez bon rendu des ombres ?). Une lecture qui est loin d?être impérissable.NiDNiM(Critique de www.manga-news.com )