L'Italie fasciste et la persécution des juifs

Matard-Bonucci Marie-Anne

PUF

C'est l'une des pages les plus sombres de l'histoire du fascisme italien. Ce n'est pourtant pas la mieux connue. Notamment en France, où l'on cite souvent en exemple la protection dont bénéficièrent les juifs dans la zone occupée par les Italiens entre novembre 1942 et septembre 1943, cette période où l'on vit des carabiniers empêchant des policiers français d'arrêter des juifs pour les livrer aux Allemands. Mais on oublie parfois que ce qui fut une réalité en France et dans les autres pays occupés par l'Italie (Yougoslavie, Grèce) ne l'était pas de l'autre côté des Alpes, où les juifs étaient traités comme des parias...
Longtemps délaissée par les historiens, la politique antisémite conduite par le régime fasciste à partir de 1938 fait l'objet, depuis une quinzaine d'années, de relectures iconoclastes. C'est tout le mérite du passionnant ouvrage de Marie-Anne Matard-Bonucci que d'offrir enfin au public français une synthèse de ces travaux, enrichie de recherches inédites dans les archives italiennes. Les conclusions sont sans appel. Elles remettent en cause l'idée d'une législation imposée par l'Allemagne nazie, appliquée avec indulgence et rejetée en bloc par un peuple soi-disant immunisé contre l'antisémitisme. (Thomas Wieder - Le Monde du 12 janvier 2007 )
Dans l'Italie de Mussolini, un juif sur quatre était inscrit au Parti fasciste. Même s'il n'y eut pas d'étoile jaune, la tragédie était en marche...
Dire que les juifs furent surpris, cela va sans dire, surtout les fascistes. Les plaintes affluèrent: Duce, nous avons toujours été de bons fascistes! On leur répondit qu'ils contaminaient la race depuis l'Empire romain et, justement, la grande oeuvre du Duce c'était de bâtir un homme nouveau dans un nouvel Empire romain...
Grâce au recensement fasciste, aux auxiliaires fascistes, la traque est fructueuse. Les Italiens juifs furent 7 000 à périr à Auschwitz, dans d'autres camps quand Auschwitz fut pris. Le livre de Marie-Anne Matard-Bonucci apporte une masse d'informations sur cet aspect mal connu de l'histoire du fascisme. Des sornettes à la tragédie, il montre bien le cheminement. (Delfeil de Ton - Le Nouvel Observateur du 8 février 2007 )
Pourquoi cette persécution à retardement? C'est l'énigme à laquelle répond Marie-Anne Matard-Bonucci dans une somme magistrale. Le Duce n'avait subi aucune pression de son allié Hitler. Mais il était revenu d'un voyage en Allemagne en 1937 convaincu qu'il fallait «prussianiser l'Italie». Le juif fit donc office de repoussoir pour relancer un régime essoufflé. Si la population resta passive, chefaillons et plumitifs rivalisèrent dans l'abjection, sur fond de silence du roi et du Vatican. (François Dufay - Le Point du 15 février 2007 )
L'image d'une Italie fasciste rétive à l'antisémitisme s'est longtemps imposée. Les uns affirmaient que le Duce n'avait adopté une législation d'exclusion que pour complaire à son allié allemand, les autres soulignant que les juifs avaient trouvé refuge dans les zones que l'armée italienne occupait, dans la région de Nice notamment. Autant de mythes qu'infirme la solide étude, fondée sur des sources inédites, de Marie-Anne Matard-Bonnucci...
Les mesures adoptées en 1938 (exclusion de certaines professions, interdiction des mariages mixtes...) ne résultèrent ni d'un diktat nazi, ni d'une pression émanant de la rue ou des milieux fascistes. (Libération du 22 février 2007 )

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EAN
9782130609179
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