Le Perche à l'aube du troisième millénaire

Malone Vincent

KERO

Extrait de la préfaceLe vendredi soir je pars en week-end, et le week-end je vais à la campagne, dans une maison de campagne, à Saint-Germain-des-Grois, près de Rémalard ou plus simplement de Nogent-le-Rotrou, dans le Perche. Le samedi matin, je prends un petit déjeuner tardif, le plus souvent un simple café que je déguste en découvrant les nouvelles du coin dans le journal du coin, qui curieusement s'intitule «Le Perche». Mais, avant tout, je vais chercher dans le tiroir du meuble marron une paire de ciseaux.En effet, si je m'attarde assez peu sur les articles de cet hebdomadaire, ses photos et leurs légendes me fascinent. C'est un peu comme avec les images en trois dimensions.Un premier regard rapide glisse sur la surface grise uniforme et n'en retient que l'aspect comique, le «cliché» curieux. Mais une observation plus fine, plus approfondie des décors, des noms, des regards, des attitudes, des mots, permet de pénétrer dans un monde étrange, une tragi-comédie très humaine et troublante. Et alors... Alors je me demande ce que pense cet homme dans le brouillard, perdu au milieu d'un champ en friche aussi désert qu'humide, à l'emplacement précis de la future piscine couverte. D'où sortent ces dizaines de Pères Noël pathétiques, tous plus comiques les uns que les autres? Pourquoi l'Harmonie au grand complet a-t-elle joué devant une salle vide? Qu'est-ce que c'est que cette catégorie «jardins visibles de la rue»? La chanson est-elle vraiment une activité qui a la cote? Est-ce que l'épicerie ferme ou quoi? Que peuvent bien faire Bob et Coco sur leur île? Je participe à des centaines de réunions qui se déroulent naturellement «autour d'une table». Je suis de tous les comités des fêtes plus ou moins satisfaits, aux mines plus ou moins déconfites, de tous les bilans «un peu décevants», intronisé dans toutes les confréries... Et me réjouis d'avance avec «L'Hameçon» du déversement prochain dans nos rivières de tonnes de truitelles.Les noces d'or à répétition, voire de diamants, Halloween, les Mycologiades, le loto omniprésent, la manille, la pétanque, la galoche, les commémorations, décorations, dépôts de gerbes et autres Téléthons rythment mes années comme autant de rendez-vous précieux avec des amis fidèles d'un autre âge.Ah les belles manoeuvres de pompiers! Ah comme les parterres de la gendarmerie sont bien fleuris! Et le boudin! Si, vers midi-treize heures, avec le froid et la pluie qui entrent par la porte de la cuisine entrouverte (à cause des enfants... on peut leur dire cent fois la même chose, ils n'en font qu'à leur tête) et l'odeur des pommes passées à la poêle, je bave parfois à l'idée de casser la peau grillée d'un bon morceau de boudin entre la langue et le palais, souriant à cause de la fumée qui me sort de la bouche... Le matin, en revanche, le boudin, c'est parfois dur à digérer. Et du boudin, encore du boudin, des rillettes et du boudin, de la crépinette et du boudin dans le Perche, y'en a!Surtout pendant la foire au boudin. Naturellement.

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EAN
9782366580433
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