L'aventure du Père Pedro

Lunel Pierre

DU ROCHER

Extrait de l'avant-propos

Dans ce monde où la misère continue ses ravages, où les trois-cinquièmes de l'humanité vivent dans une situation d'infra-pauvreté, peut-on espérer sauver les uns sans les autres? S'il est urgent de réinventer notre planète, de la réenchanter, cela n'ira pas sans mettre en avant la solidarité et l'amour, et à l'exemple du père Pedro, sans donner aux plus pauvres des pauvres, l'envie de croire en eux-mêmes.

Pedro est un missionnaire. Si l'histoire des missions offre un spectacle contrasté, avec ses grandeurs et ses faiblesses, il n'en reste pas moins que partout encore dans le monde, cent mille missionnaires, religieux, enseignants, soignants, se battent pour que les plus pauvres continuent de vivre. Ils le font le plus souvent sans l'appui des gouvernements et des politiques. Une grande partie des aides qui leur sont apportées viennent de gens simples mais convaincus qu'«heureux» ne s'écrit qu'au pluriel...
Que n'a-t-on pas écrit au sujet du père Pedro? Beaucoup de livres parlent de lui, de sa personne... À dire vrai, cela l'intéresse assez peu... Moins, en tout cas, que ce qui depuis plus de vingt-cinq ans, se vit dans ses villages d'Akamasoa, ce qui s'y accomplit. Aussi me suis-je lancé dans une entreprise folle, celle de décrypter ce qui se passe en lui et qui pourrait bien se passer en nous si nous acceptions, comme il le fait, de nous laisser bousculer par la misère des plus démunis, des blessés d'une société moderne... Alors notre coeur s'ouvrirait à la plus grande des énergies: l'Amour. Encore faudrait-il pour cela grignoter parfois les barrières que la mondialisation et l'argent ont dressées. Non pas qu'elles ne soient pas nécessaires à notre société, mais parce qu'il faut des prophètes, grands et petits, pour oser aller, librement, leur chemin de conscience. Louis-Marie Grignion de Montfort n'écrit-il pas: «Si la sagesse consistait à ne rien entreprendre de nouveau pour Dieu, les apôtres auraient eu grand tort de sortir de Jérusalem»? Le père Pedro, au moment où il est directeur du séminaire des lazaristes à Madagascar, a osé vivre dieu et annoncer l'Évangile en dehors des murs saints de l'enceinte ecclésiale. Il n'en a pas fait le choix; cela s'impose à lui. Sa conscience d'homme et de prêtre n'a pas pu supporter de voir des êtres humains vivre une telle déchéance, car Jésus, lui, a choisi de vivre cette même humanité. Il l'a fait avec la bénédiction de son supérieur provincial qui lui a, un jour, confié: «Si saint Vincent de Paul vivait aujourd'hui, c'est ici qu'il serait» Pedro comme son maître saint Vincent, comprend d'emblée que l'injustice qui domine notre monde est inacceptable. Sa pensée peut se résumer à ceci: Si je n'éprouve pas un sentiment d'étouffement et une honte sans limite, c'est que ma conscience est morte. Je deviens complice d'un ordre de choses qui tolère des injustices ignobles, d'épouvantables inégalités et des morts inacceptables. Mon coeur alors est criminel, mon esprit aveuglé, mes prières stériles. Mais si je laisse ces vérités me déshabiller de mes habitudes, de mes droits et de mes idées surfaites, alors quelque chose peut changer dans l'ordre du monde.»
Pedro ne supporte pas de voir des enfants malheureux. Souvent les malheurs de l'enfant tissent une trame qui deviendra un jour le malheur de l'adulte. À Madagascar, Pedro et tant d'autres missionnaires autour de lui décident de couper ce fil, de refaire la trame, de changer le sens, de détisser le mauvais motif et, enfin, de retisser l'amour de l'enfant qui fera un jour l'amour de l'adulte...

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EAN
9782268075211
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