Le trésor de Sharpe

Cornwell Bernard

NIMROD







Extrait

Avant-propos : Durant la guerre de la Péninsule, l'armée britannique remporta quelques batailles extraordinaires. Cette armée eut la chance d'être dirigée par un grand soldat, le duc de Wellington, mais les hommes du rang s'illustrèrent eux aussi par un comportement admirable en gardant leurs positions stoïquement, sous des mitrailles dévastatrices, avant de lâcher leurs propres salves. Et c'est ainsi que, bataille après bataille, les plus glorieux maréchaux de France opposèrent leurs troupes aux habits rouges de Wellington et, l'un après l'autre, furent défaits. «Vous le craignez tous parce qu'il vous a tous vaincus», déclarait Napoléon à ses maréchaux la veille de la bataille de Waterloo. Le lendemain, Napoléon lui-même était vaincu. Mais à elles seules, les troupes britanniques, aussi bien entraînées fussent-elles, n'auraient jamais pu remporter la guerre de la Péninsule. L'armée française était en effet bien supérieure en nombre à celle de Wellington, et il lui aurait sans doute suffi d'unifier ses hommes pour le vaincre. Mais les Français ne purent en réalité jamais rassembler leurs forces en raison de l'activité des guérilleros, ces hommes qui menaient leur propre «petite guerre» (guerrilla en espagnol). De nos jours, ces guérilleros seraient sans doute qualifiés de «combattants de la liberté». Lors de la guerre de la Péninsule, ils étaient partout. Espagnols et Portugais s'étaient soulevés avec une telle rage contre l'occupation française qu'un Français ne pouvait se déplacer sur leur territoire que dans le cadre d'un imposant convoi. Les Français répondirent à ce harcèlement par la terreur, et la «petite guerre» se transforma en une lutte bien plus impitoyable que celle qui les opposait à Wellington, entraînant la mort d'un nombre bien plus grand de soldats français. Quand Napoléon évoquait «l'ulcère espagnol», il pensait à ces guérilleros qui, jour après jour, nuit après nuit, rôdaient autour des camps, tuant et terrifiant ses hommes. Les Français ne pouvaient guère se concentrer sur leurs objectifs militaires, entourés qu'ils étaient de guérilleros qui menaçaient sans cesse de déborder leurs garnisons affaiblies et de couper leurs lignes de ravitaillement. Les Français tentèrent de défendre toutes leurs positions et, pour reprendre les mots de Frédéric le Grand, celui qui veut tout défendre ne défend rien. Les romans mettant en scène Richard Sharpe ne rendent pas justice aux guérilleros. Sharpe étant un soldat britannique, il se retrouve plus souvent impliqué dans la campagne de Wellington que dans les sombres activités de la guérilla. Et quand il lui arrive de croiser la route de guérilleros, il court plus de risques de tomber sur les plus nuisibles d'entre eux - qui étaient fort nombreux. Francisco Espez, un grand combattant de la guérilla, plus connu sous le nom de Mina, écrivit que les guérillas criminelles constituaient «un ennemi pire que les Français». Il les décrivait comme «des bandes de coupe-jarret et de bandits de grand chemin qui, sous couvert de patriotisme, violaient et torturaient tous ceux qui avaient le malheur de croiser leur route.» Mina exécutait ces hommes sur-le-champ. Sharpe n'agit pas autrement. Si les guérilleros représentaient un allié essentiel pour les Britanniques, l'argent en constituait un autre. Selon un adage de l'époque, «en Espagne, les grandes armées sont affamées et les petites sont vaincues». Wellington savait, mieux que tout autre, que l'argent était indispensable à l'entretien de son armée - pas seulement pour payer la solde des soldats, mais aussi pour s'approvisionner. Dans un pays toujours au bord de la famine, il lui fallait s'assurer que ses hommes disposaient bien de viande, de biscuits, de pain, de rhum, de poudre, de cartouches, de cuir - de tout. S'il ne pouvait fournir ces denrées à ses soldats, ceux-ci risquaient de les voler, et un soldat qui vole un paysan s'en fait un ennemi. Les Français pillaient en permanence, nourrissant ainsi la haine extraordinaire qui animait la guérilla, tandis que Wellington insistait pour que chaque chose soit payée à sa juste valeur. Conscients d'être bien traités par les habits rouges, les paysans leur apportèrent leur soutien. Ce principe continua à s'appliquer bien plus tard au cours de la guerre, quand les troupes de Wellington marchèrent en France. Les paysans français ne se soulevèrent jamais comme le firent les paysans espagnols ou portugais, car les envahisseurs aux habits rouges payaient scrupuleusement tout ce dont ils avaient besoin. Ce roman parle de guérilla et d'or, les deux alliés de la victoire britannique. Mais en cet été 1810, Wellington a besoin d'or pour mener à bien des projets autrement plus ambitieux que l'achat de pain, de biscuits ou de bière. C'est la raison pour laquelle Sharpe doit s'enfoncer dans les collines....



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EAN
9782915243086
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