Martin cet été

Chambaz Bernard

JULLIARD

Nous sommes le 20 septembre. Cette phrase parait d'une évidence et d'une banalité sans histoires. Or, il n'en est rien. " Nous " n'est plus le même " nous " qu'au début de l'été. Mon fils, Martin, n'est plus parmi nous. (...) Et comment taire un tel évènement, qui sera, à coup sûr, le plus grave de ma vie ? Comment, aux yeux mêmes de mes trois enfants, parler d'autre chose ? Souffrir en silence, dit-on. Voilà bien ce à quoi je passe le plus clair de mon temps, intolérable et pourtant il faut le tolérer parce que nous n'avons pas le choix, si ce n'est quelques mots dits à ceux qui sauront lire, des mots comme les enfants de coeur de Soutine, souffreteux, c'est-à-dire démunis et tourmentés, " dans le besoin ", des mots nécessiteux quel que soit l'éclat qui par moments les porte. Si j'écris, c'est d'abord par amour. Pour Martin : que puis-je faire d'autre pour lui aujourd'hui ? c'est peut-être aussi afin de ne pas succomber à l'hébétude, à cet effondrement qui vous laisse stupide, muet comme une tombe ; afin d'habiter les mots (les mots anciens, les mots nouveaux) avec lesquels nous vivons. B. C.
20,00 €
Disponible sur commande
EAN
9782260016083
Image non contractuelle