Vers des jours meilleurs

- Alors, Zack, tu fais moins le malin!
C'est vrai, je ne fais plus le malin. Ils me plaquent contre le mur. Brute Epaisse et un autre. Le troisième retient Maïa, un peu plus loin. Et Franck s'avance lentement. Les poings en avant. Ironie d'un défi gagné d'avance. Je dois encaisser sans trop me plaindre. Face à face. Dents serrées contre poings fermés. S'ils ne touchent pas à Maïa, ce sera un moindre mal. Je suis prêt à étaler mon sang sur le trottoir, sur la ville entière, qu'il arrose la colère et tague les murs. Tout, pourvu qu'ils ne touchent pas à Maïa. Il faut la voir battre sa poitrine d'animal affolé. S'il y a quelqu'un d'innocent ici, c'est bien elle.
Ça crève les yeux, bon sang.
Mais Franck se moque de ce que je peux bien dire.
Je ne suis pas en mesure de dire quoi que ce soit.
Je peux appeler ma mère, c'est tout. Et encore, elle ne viendrait pas.
Les poings sont prêts à frapper. Les deux gorilles me tiennent fermement. Les épaules collées aux murs, je me débats en vain; prisonnier d'une histoire qui a fini par me rattraper. Au plus mauvais moment.
Franck sourit:
- Maintenant, c'est l'heure de payer, Zack.

Zack n'a jamais été un lève-tôt.
Quand il était petit, à la rigueur. Quand il se prenait pour un chevalier de l'espace, la première paupière à peine soulevée. Quand son sabre en plastique découpait ses ennemis à la chaîne, quand il sautait sur son lit en retenant d'une main son bas de pyjama, quand le plafond de sa chambre était une porte secrète vers la quatrième dimension et son oreiller un monstre gélatineux dans lequel disparaissaient ses coups de pied.