Prêtres et paroisses au pays du curé d'Ars

Boutry Philippe

CERF

Au pays du saint curé d'Ars, des centaines de curés de campagne ont vécu la fin de l'ancienne chrétienté rurale : eux n'étaient pas des saints. De 1815 à 1880, de la restauration des rois au triomphe de la République, l'existence chrétienne au village, la vie des clercs, le statut même de la religion ont changé. Le paysage paroissial s'est transformé : curés et fidèles ont abattu la moitié de leurs églises pour les reconstruire plus solides et plus belles. Le curé est seul, face aux nouveaux périls de la modernité. Il a refusé le " siècle ", renoncé au " monde ". La vocation, le séminaire, le célibat le séparent radicalement des fidèles. Il vit au sein d'un corps social aux règles contraignantes, dans les limites étroites d'une carrière cléricale vouée à l'obéissance et à l'humilité, du temps ingrat du vicariat au jour où il sera, enfin, son propre maître, s'il se peut dans une " bonne cure ", dans la solitude du presbytère et les fragiles consolations de la confraternité. Pasteur d'ouailles pas toujours dociles, il a pris charge d'âmes et devra rendre compte au jour du Jugement et il passe facilement du sentiment de réussir au constat d'échec, au désespoir. Une génération de prêtres a vécu douloureusement, entre 1860 et 1880, le naufrage de ses certitudes, l'éclatement de l'ancienne paroisse rurale, le triomphe de l'anticléricalisme au village ; la confession, le culte des saints du terroir, la mort chrétienne sont contestés ; l'" hérésie " protestante prêche en liberté ; l'irruption du suffrage universel masculin (1848) précipite les curés de campagne dans l'ère des débats. " Déchristianisation " ? C'est surtout le statut de la religion qui a changé : " fait de mentalité ", le catholicisme rural devient " fait d'opinion ". Les unanimités paroissiales ont cédé définitivement le pas aux convictions individuelles.
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EAN
9782204024402
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