Daewoo

Bon François

FAYARD

Le lieu du drame : la Lorraine. Paysage de fer et d'acier ravagé par la crise de la sidérurgie à la fin des années 1970, puis, plus près de nous, par une reconversion ratée dans l'électroménager : l'implantation spéculative et vite avortée de Daewoo, la fameuse société à capitaux coréens. Trois sites, trois usines : Villers-la-Montagne, Fameck, Mont-Saint-Martin. Les personnages principaux : le narrateur parti à la découverte des lieux un an après la liquidation des trois usines, toutes ces femmes brutalement licenciées entre septembre 2002 et janvier 2003. La trame du roman : lorsqu'en 1998, Daewoo liquide 32 de ses 47 usines dans le monde, les trois sites de la vallée de la Fensch (financés sur fonds publics dans le cadre d'un plan de reconversion) occupent 1200 personnes, en grande majorité des femmes. Soudain, leur vie bascule. Et un an plus tard, elles se racontent au narrateur. Scénario tristement banal bien sûr, si l'on veut bien se souvenir du drame de ceux de Metaleurop, de Danone, etc. Très vite, pourtant, le lecteur apprend qu'une certaine Sylvia, la meneuse dans la résistance à la fermeture des sites, s'est suicidée peu après. Et cette disparition donne son unité à l'histoire tout entière. L'habileté de l'écrivain consiste à reconstruire l'épopée de ces femmes admirables, mains rongées aux acides, courage intact, en la faisant raconter non seulement par elles, mais aussi, et comme en écho, par des actrices de théâtre travaillant précisément, sous la direction du narrateur, à mettre en scène cette parole ouvrière-là afin qu'elle prenne sens par-delà les discours convenus sur les dégâts du progrès ou les ravages du libéralisme. Paroles recueillies, paroles reconstruites. Paroles dites, paroles jouées.

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EAN
9782213618715
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