Les nouveaux contes de la cité perdue

Bohringer Richard

J'AI LU







Extrait



Il faisait froid. Thierry, ce soir, s'appellerait John. C'était mieux que Thierry. Il remonta le col de son blouson comme les héros. Ceux des films noir et blanc. Avec des mecs qui allument leurs cigarettes sous des réverbères romanesques en regardant les lumières du bistrot dans la nuit.
Il allait se saouler. Il en était sûr. Avec Paulo, l'éructeur de la 300e Rue, dans la ville dont il oubliait toujours le nom, il l'appelait la cité perdue. La capitale des nouveaux territoires.
John s'était marié deux fois. Deux fois elles s'étaient barrées. Tout se barrait toujours dans la vie de Thierry. C'est pour cela qu'il s'appelait John. Pour voir si ça faisait revenir l'amour. Il ne voulait pas chercher plus loin. C'était de la faute de Thierry. Il sourit.

Le bonheur était une invention totale, l'amour une transcendance de sa solitude qu'il avait apprivoisée.

Paulo et John s'étaient rencontrés en ces temps troubles et avaient fusionné. Un ami barbu leur avait indiqué cette région du bout du monde où tout était à construire. Il s'appelait Jésus. Il voulait la révolution. Paulo avait été communiste. John aussi.

Nuit après nuit, ce conte les avait habités. Ils apprenaient par Jésus que d'autres avaient déjà rejoint l'horizon, loin du bruit et de la fureur des nouveaux riches.

Un matin ils prirent la route avec Paulo, ses soeurs Solange et Betty, Thierry dans l'ombre de John. Ils croisèrent au hasard de la route des humains aux yeux lumineux qui voulaient eux aussi tenter la vie ailleurs.

Ils partirent sous les quolibets. L'anathème ne venait pas que des riches. Il venait aussi d'autres plus modestes, qui voulaient flatter les pouvoirs et les Rolex. En pensant se protéger. En pensant être protégés.
--Ce texte fait référence à l'édition






Broché
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9782290037898
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