L'aventure des Jeux olympiques. Un siècle de passion olympique

Benamou Guy

JACOB DUVERNET

1896 - ATHÈNES...
2386 ANS APRÈS PHIDIPPIDÈS,
UN PÂTRE GREC

«Je proclame l'ouverture des premiers Jeux olympiques internationaux d'Athènes.»
En uniforme d'amiral, le roi Georges Ier de Grèce, solennel, prononce ces mots repris à quelques variantes près durant les XXe et XXIe siècle par d'autres rois ou chefs d'États, Premiers ministres ou sous-secrétaires d'État contraints de lire le discours le plus court de leur vie. Nous sommes le 6 avril 1896, un lundi de Pâques. La chaleur est torride mais le roi jubile. Âgé de 51 ans, souverain de Grèce depuis 33 ans, il bénéficie encore d'une grande popularité.
Dans la tribune officielle de l'antique stade Panathenean, la reine Olga, le roi de Serbie, l'archiduc d'Autriche ont pris place autour de Sa Majesté. Légèrement en retrait, un homme à la moustache guillerette savoure son triomphe. Sans lui, ces premiers Jeux de l'ère moderne n'auraient pas lieu. Georges Ier le sait. Il demande au baron Pierre de Coubertin de venir à ses côtés. Hommage on ne peut plus mérité. En France, des dizaines de stades, de gymnases, de rues portent son nom. Sa vie, faite de bonheurs et de déceptions, fut celle d'un homme obstiné et tenace, qui aurait pu se contenter de couler des jours heureux en profitant de sa fortune.
Pierre de Coubertin naît le 1er janvier 1863, à Paris, dans l'hôtel particulier de ses parents. Un cadre cossu situé 20, rue Oudinot, près du Champ-de-Mars et des Invalides. Son père, Charles-Louis, est un peintre peu apprécié de ses contemporains, dont les oeuvres religieuses sont exposées au musée du Vatican; sa mère, Marie-Marcelle, une descendante (dit-on) du roi de France Louis VI, est très pieuse et dirige des associations de bienfaisance. Elle souhaiterait que son fils Pierre se tourne vers la religion; son père préférerait qu'il choisisse l'armée ou la politique. L'intéressé n'est attiré ni par l'un ni par l'autre. Son souhait, sa vocation plutôt, c'est l'éducation des jeunes. Très marqué par la défaite de 1870 mais aussi par la misère et la pauvreté, pourtant bien éloignées de sa vie quotidienne, il s'irrite de savoir que, dans le Nord de la France, des enfants de 8 ans sont obligés de descendre travailler à la mine. Il a l'ambition, encore démesurée, et qui lui attire bien des quolibets, de faire connaître et faire pratiquer le sport - mot tiré de l'ancien français de sport, jeu, amusement - aux enfants des écoles. On connaît certes depuis longtemps les exercices physiques, mais ils ne concernent qu'une très faible minorité de la population. Lui-même est un sportif accompli: il pratique l'aviron, qu'il affectionne particulièrement, l'équitation et l'escrime à l'occasion de ses séjours dans les châteaux de ses parents à Bolbec, en Normandie, et à Saint-Rémy-Lès-Chevreuse, près de Paris.
Brillant élève du collège des Jésuites de la rue de Madrid, à Paris, il est passionné de mythologie et s'intéresse alors aux Jeux olympiques de l'Antiquité. La lecture d'un traité, écrit un demi-siècle plus tôt par Thomas Arnold, professeur au collège de Rugby (Angleterre), va provoquer le déclic. Le jeune Coubertin est impressionné par un texte où il découvre les vertus de la pratique sportive. En France, celle-ci se résume à quelques mouvements dans la cour ou le préau des écoles et collèges. De l'autre côté de la Manche, tout semble différent. Après son bac obtenu à 17 ans, le baron se rend en Grande-Bretagne pour étudier sur place les véritables bases de l'éducation physique et sportive. Il regarde, écoute, retient, prend beaucoup de notes et laissera un testament de 15 000 pages. En 1886, à 23 ans, Coubertin publie des articles dans la revue Réforme sociale dans lesquels il explique et vante l'organisation sportive anglaise. Il reçoit les encouragements et les félicitations de Sadi Carnot, président de la République.

22,30 €
En rupture de stock
EAN
9782847243796
Image non contractuelle