Les ventres jaunes

Anglade Jean

PRESSES CITE

Etrange population établie sur les rives escarpées d'un torrent auvergnat: les couteliers de Thiers. Depuis des siècles, ils ont fabriqué presque tout ce qui, en France, devait trancher, percer, raser, saisir, puiser, déboucher, épiler, éplucher, écorcher, orgueilleux d'avoir trempé la dague de Ravaillac et le poignard de Caserio. Quoi qu'en dise la chronique, ces artisans savent que ce sont eux qui exercent le plus vieux métier du monde: le chasseur des cavernes avait besoin d'une hache et d'un couteau. Les émouleurs en sont l'aristocratie, puisqu'ils confèrent aux lames le coupant. Couchés côte à côte au-dessus de leurs meules, ils reçoivent douze heures par jour les projections de grès et de limaille qui font d'eux des Ventres Jaunes. On pourrait, en fin de journée, les gratter comme des carottes. Mais dans leur atelier insalubre, obscur, infect, chaque équipe forme une communauté libertaire qui règle son temps et son travail comme il lui plaît, se fiche des lois, de la République et des partis, se console de sa crasse et de ses infirmités en buvant des chopines, en jouant du pipeau, en élevant des chardonnerets. Sur ce fond truculent se déroule la saga des Pitelet, ses drames, ses idylles, ses moqueries, ses tendresses, ses ascensions. Mais aussi la saga d'une ville sans pareille par son corps et son esprit, sa ferme volonté de rire de tout, du bonheur et du malheur, de Dieu, du diable et de la bête pharamine.

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EAN
9782258099609
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