Les addictions

Acier Didier

DE BOECK SUP

Extrait de l'introductionCet ouvrage vise à présenter les addictions avec substances dans une perspective scientifique incluant à la fois les volets biologiques, psychologiques, sociaux et culturels. Il se base sur les connaissances des chercheurs et des praticiens en alcoologie et addictologie, principalement dans le monde francophone, mais inclut plusieurs éléments de la littérature internationale. La position prise dans cet ouvrage est résolument celle d'un modèle multidimensionnel, qui considère l'addiction comme la subtile interaction entre des facteurs d'origine biopsychosociale et culturelle.L'usage des substances psychoactives (SPA) est très ancien et s'inscrivait originellement dans une dimension de soins. En Asie, les feuilles de cannabis ont été utilisées à des fins thérapeutiques pendant des millénaires. Dans les Amériques, les chamanes utilisent un grand nombre de plantes dans des fêtes rituelles ou des cérémonies sacrées, afin de modifier l'état de conscience et de renforcer les relations entre les personnes. En Europe, aux XVIe et XVIIe siècles, on se servait du tabac pour guérir les plaies, et au XIXe siècle, des chirurgiens employaient la cocaïne pour soigner et guérir. Autrefois, le mot «drogue» désignait un «médicament», une préparation des apothicaires (pharmaciens d'autrefois), destinée à soulager un malade. Actuellement, le terme «drogue» est plutôt associé aux substances illégales. Dans cet ouvrage, on lui préfère le terme de substances psychoactives, qui englobe l'ensemble des drogues, qu'elles soient illicites ou non. Cette terminologie évite toute référence à un jugement personnel ou social. Le terme «psychotrope» est aussi utilisé comme synonyme de substances psychoactives. Le cannabis, la cocaïne, l'ecstasy et plusieurs autres sont des SPA illicites: le Code pénal en interdit et en réprime la production, la détention et la vente, conformément aux conventions internationales. Leur usage est également interdit et sanctionné. A contrario, les médicaments psychotropes (anxiolytiques, hypnotiques, antidépresseurs) sont prescrits par un médecin pour traiter des états d'anxiété, de troubles du sommeil ou de dépression. Il s'agit aussi de SPA dont la production et l'usage sont strictement contrôlés. Cependant, il arrive qu'ils soient détournés de cet usage thérapeutique, et cette «automédication» non prescrite n'est pas rare. L'alcool et le tabac sont des produits dont la vente est contrôlée, et leur consommation dans les lieux publics est réglementée.L'alcool, le tabac, le cannabis ou la cocaïne agissent sur le cerveau, c'est-à-dire modifient l'activité mentale, comme les perceptions et les pensées, et provoquent des effets somatiques, qui sont variables selon les propriétés de chaque substance. Toutes les SPA agissent sur le système nerveux central et entraînent une altération du fonctionnement intellectuel, comportemental et émotionnel de l'individu. Ces effets vont varier en fonction de la quantité de substances absorbées, mais aussi en fonction du contexte et de la personnalité du consommateur. Les substances psychoactives sont consommées principalement pour leurs effets: au départ de toute consommation, il y a la recherche d'un effet agréable, plaisant ou social, et pour les médicaments psychotropes, la recherche d'un effet thérapeutique. Habituellement, les SPA sont classées en fonction de leurs actions sur le système nerveux central: les dépresseurs, les stimulants et les perturbateurs. Les dépresseurs du système nerveux central (alcool, anxiolytiques, analgésiques, opiacés...) ralentissent les fonctions psychiques d'un individu en diminuant le niveau d'éveil et d'activité générale du cortex cérébral. Ils ralentissent la personne et génèrent un effet de détente, de relaxation et/ou de somnolence. À l'inverse, les stimulants du système nerveux central stimulent les fonctions psychiques (cocaïne, amphétamines, Ritaline, boissons énergisantes), et augmentent l'état d'éveil et l'activité générale du cortex cérébral. Ils accélèrent les processus mentaux, ce qui se caractérise par une augmentation de la vigilance, une stimulation de l'humeur et de la motricité. Le consommateur se sent plus énergique et de bonne humeur. Les perturbateurs du système nerveux central provoquent des altérations du fonctionnement cérébral, de la perception, des processus cognitifs et de l'humeur (cannabis, ecstasy, PCP, LSD). Ils «perturbent» le fonctionnement psychique en modifiant le rapport au réel, au temps et à tous les niveaux de perception. Les perturbateurs agissent à des degrés très différents selon les différents produits. Finalement, certaines SPA agissent sur deux types de neurotransmetteurs et sont plus difficiles à classer. Il s'agit surtout de SPA de synthèse chimique, résultant de mélange, de hasard ou d'expérimentation à partir des effets recherchés. Par exemple, l'ecstasy agit à la fois comme un stimulant et un perturbateur.

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EAN
9782804171810
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